Des contes en partage

Échanges et correspondances entre écoles de France, de Madagascar et d'ailleurs, autour des contes traditionnels

vendredi 26 mai 2017

Du collège de Trois Mares à Tuléar

Voici la contribution d'Alice Grondin, élève de Mme Félix au collège de Trois Mares, merci à elle ! (Cliquez sur les images pour aficher le texte en grand)

lundi 22 mai 2017

Du Tampon (Petite plaine) à Tuléar


De Tuléar au Tampon

Les élèves de l'Alliance française et ceux du collège Etienne de Flacourt à Tuléar nous font partager leurs histoires. Merci à leur enseignant, Ben Arès, de faire le lien.

LE ZEBU DE LA MER

Les femmes ne peuvent traverser seules la grande forêt de Bevoay et attendent toujours que quelques hommes les accompagnent, lorsqu’elles se rendent au grand marché situé de l’autre côté, dans le village de Talaky, à Madagascar.
De puissants lémuriens habitent cette forêt, gris et blancs, souples comme des singes auxquels ils ressemblent. Toujours furieux de la présence des femmes, ils jacassent alors plus fort qu’elles, qui hâtent le pas en poussant de petits cris d’oiseaux pris au piège.
Ils ne sont pas plus méchants que cela les lémuriens de Bevoay. Toutefois ils ont les femmes en horreur. Les hommes n’ont de leur côté pas à subir de leurs attaques, sournoises et agaçantes.
À qui est la faute ?
Dans des temps fort reculés, des hommes se muèrent en lémuriens. L’un de ces hommes, nommé Itovo, le devint définitivement après des déboires matrimoniaux. Gambadant à travers la forêt, il fut très réputé pour l’aversion particulière qu’il portait aux femmes.
Dans sa période humaine, Itovo s’était uni avec une femme riche mais méchante. Un sorcier avait dû assister au mariage pour garantir le bonheur du couple par de nombreux ody ou amulettes, qu’Itovo porta à son cou. Mais le sorcier avait mis une interdiction, banale en soi : il ne devait pas toucher la louche de bois pour prendre le riz en même temps que sa femme sinon un grand malheur arriverait. Il n’en dit pas plus.
Le ménage ne devait rencontrer aucune difficulté. De nombreux mois s’écoulèrent dans un relatif bonheur.
Puis vinrent les premières scènes conjugales. Les disputes devinrent de plus en plus fréquentes. La femme avait visiblement un mauvais caractère. Elle humiliait volontiers Itovo qui gagnait peu d’argent. Ils ne continuaient pas moins à manger ensemble et Itovo conservait malgré tout son bon appétit. Les paroles du sorcier semblaient alors envolées.
Un jour, sa femme lui reprocha durement sa goinfrerie coutumière. Il rétorqua qu’il avait bêché et semé toute la matinée un champ entier de maïs, sans prendre le moindre repos, ni même un voazavo, une sorte de melon d’eau, pour se désaltérer. Le ton s’éleva : Itovo, irrité après un dur labeur accompli, avait grand faim et il comptait l’assouvir. Séparés par la largeur de la natte, ils n’en vinrent pas aux mains, mais elle brandit la louche malencontreusement placée entre eux et le frappa au visage.
Il n’avait pas songé à cela le pauvre, qui vit la prédiction du sorcier s’accomplir. Le grand malheur prit forme sur Itovo qui se transforma peu à peu en lémurien, sortit par la porte basse, s’élança dans le kily ou le tamarinier voisin, puis gagna la forêt proche, heureux de sa nouvelle liberté. Il ne se retourna même pas. Sa femme n’en fit pas un drame. Elle ne versa aucune larme.
C’est depuis cette histoire que tous les lémuriens issus d’Itovo conservent une haine tenace envers les femelles humaines. Ils ne manquent d’ailleurs jamais de les poursuivre, de les pincer, chaque fois qu’elles s’aventurent dans la forêt.
Yrène et Safidy, 5ième et Nancy, 4ième du Collège Etienne de Flacourt, Toliara


Imaan et Tojo, 6ème
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vendredi 5 mai 2017

Lettre d'Ampanotoamaizina

Bonjour à vous, écoliers d'Argences !

Nous avons reçu la visite de Johary et Sophie en plein cyclone : il a beaucoup plu, mais heureusement toutes nos maisons ont gardé leurs toits.

Ils nous ont parlé de vous, on a bien reçu votre courrier et on vous en remercie.
Nous allons essayer de répondre à vos questions, il y en a beaucoup.

Les animaux de chez nous :
Il y a des serpents, petits et grands. Le plus communs sont les "menarana", en voici un en photo.


Il y a aussi des "kalakody" et des "trambo" qui ne sortent que la nuit. Les menarana aiment beaucoup se chauffer au soleil sur les chemins, on les rencontre souvent.

Il y a des makis, les lémuriens, qui ressemblent à des singes.
Dans les villages, il y a des zébus, des poules, oies, canards.

Dans la mer, on croise des tortues, des requins, des baleines et beaucoup de poissons différents.

Nos parents sont : pêcheurs (avec des filets et des pirogues), charbonniers, agriculteurs, bucherons. Certains travaillent le ravenale avec lequel on fait nos maisons (murs et toits).
Les femmes font sécher et fument le poisson pour qu'il se conserve.

Notre journée :

On se lève entre 5 et 6 heures. On va se laver puis on mange ( quelque chose comme : banane, patate douce, pommes de terre, songe, orange, mofo katsaka : pain de maïs, soanambo : fruit à pain, vary sosoa : bouillon de riz, mofo baolina : beignet de farine, pâtes). Ensuite on fait la vaisselle, on range la maison, on va chercher du bois et de l'eau, on s'occupe des plus petits.

A 7h30, on va à l'école, et ça dure jusqu'à 13h du lundi au vendredi. Il y a 5 niveaux, en deux groupes. Chaque groupe occupe la moitié de la salle, le tableau est au milieu et sépare les deux parties. Le directeur de l'école est aussi le maître des grands.
Les élèves ont entre 5 et 14 ans. On apprend à écrire, lire, compter, chanter, et l'histoire-géographie.

Après l'école on se lave les mains et on mange du riz sec avec parfois du poisson, des feuilles, du manioc pilé, du crabe.

Ensuite on fait la vaisselle, puis on va jouer ou se promener.
On peut aussi se baigner dans la mer ou dans les Pangalanes. On fait des jeux de plage.

En soirée on va chercher du bois et de l'eau, on aide à la cuisine. Après manger, on va se coucher, il est environ 20 heures.



 
Le dimanche on va à l'église et à l'école du dimanche (catéchisme).

Ce qu'on aime le plus c'est : aller à l'école, étudier, jouer à la marchande, vendre du café ou des pâtes, voyager jusqu'a Tamatave (à 60 km, on y est tous allés une fois au moins), voir la famille, aller faire des courses à Brickaville (à 15 km).

Un seul d'entre nous est déjà allé à Tana. A la saison, on aime beaucoup cueillir les letchis, et les manger.

Ce qu'on a envie de vous dire c'est : Venez chez nous, nous visiter !